spot_img
spot_img
spot_img
spot_img
AccueilSecteursÉconomie - SocialVers un (nouveau) choc de désindustrialisation ?

Vers un (nouveau) choc de désindustrialisation ?

Nombre d’entreprises expliquent programmer leur production des mois à venir ailleurs que dans notre pays à cause du prix et de la pénurie d’énergie.

Nous avons déjà détruit 2 millions d’emplois dans l’industrie depuis les années 1980. Et avec la période que nous vivons, nous risquons d’en voir disparaître encore une partie. Qui peut croire qu’en arrêtant les usines, en utilisant moins d’énergie, on va réindustrialiser la France ?

Dans les semaines et les mois qui viennent, nombre d’entreprises prévoient de réduire ou même de stopper leur activité suite à la pénurie d’énergie et à la hausse des prix qui l’accompagne. Des entreprises demandent déjà le placement de leurs salariés en chômage partiel, d’autres réduisent à 3 ou 4 jours l’activité de leurs usines. 

Certes, le chômage est à 7,3 % (meilleur taux depuis 2008, nous répète le gouvernement) mais nous courons le risque de voir repartir ce chiffre à la hausse. Pour 2023, l’exécutif prévoit un taux de chômage en baisse à 7,2 % avec une croissance à 1 %, mais tout cela n’est guère réaliste. Avec une croissance à zéro – ce qui risque d’être le cas l’an prochain -, le chômage ne diminuera pas, mais augmentera à 7,7 % et même à 8 % en cas de légère récession.

Pour tout arranger, le déficit commercial de la France (sur les biens) est évalué pour 2023 à 154 milliards. Le pire cru jamais connu. Le poids des exportations françaises de biens ne représente plus que 11,5 % des exportations des pays de la zone euro contre 17 % au début des années 2000.

De surcroît, seulement 10,5 % du PIB provient de notre industrie manufacturière alors que l’Allemagne est à 21 % et l’Italie à 15 %. Nous ne produisons que 280 milliards d’euros de valeur ajoutée par an dans l’industrie hexagonale. L’Allemagne est à plus de 750 milliards et l’Italie à 300 milliards. Si cela continue, l’Espagne, qui est à 170 milliards, pourrait même nous rattraper dans les prochaines années.

Nous sommes face à un déni de réalité. La France avait un avantage comparatif important pour les activités industrielles électro-intensives : le faible prix de son énergie nucléaire. Avec peu d’énergie et de l’énergie chère, nous perdons un de nos rares avantages. Enfin, le problème de l’excès de normes et de leur coût économique pour l’activité productive n’a pas vraiment été résolu non plus. 

Veut-on vraiment réindustrialiser la France et créer des emplois ou n’est-ce qu’un élément de communication ? Si ce n’est pas le cas, où est le plan pour produire tout de suite plus d’énergie nucléaire, abandonner l’objectif de baisser à 50 % l’énergie nucléaire dans le mix français en 2035, réduire les normes étouffantes et baisser les prélèvements obligatoires qui pèsent sur nos entreprises au niveau de nos voisins de la zone euro ? Le plein emploi nous guette moins qu’un potentiel choc de désindustrialisation nous guette.

Agnès Verdier-Molinié 

Directrice de la Fondation iFRAP 

Auteur de Le vrai Etat de la France aux éditions de L’Observatoire

Derniers articles

L'essentiel de l'actu

POSTER UN COMMENTAIRE

Veuillez écrire votre commentaire !
veuillez entrer votre nom ici