François Beauvais, post-doctorant à l’université de Caen en géographie/Climatologie qui a rédigé une thèse sur les conséquences du changement climatique sur l’agriculture du blé en Normandie analyse la situation de l’agriculture après les dernières pluies et les risques de récidives d’épisodes de précipitations extrêmes.
Les dernières pluies suffiront-elles à sauver les plantations/végétations de la sécheresse ?
François Beauvais : Tout d’abord les précipitations de la semaine dernière ont été inégales sur la Normandie. Par exemple à Cherbourg on a eu 51 mm de pluie depuis le début du mois (dont 39,8 le 17/08) ; 16,4 mm à Vire tandis qu’à Caen seulement 2,6 mm ont été relevés. Donc certains secteurs ne bénéficient pas de précipitations pour la reconstitution en eau des sols qui anpermettrait un peu de répit à la végétation en souffrance. Le souci est que certaines zones ont été concernées par de fortes précipitations. Or le sol étant sec, cette eau ne pénètre pas et ruisselle. Pour que nos pelouses retrouvent de la verdure il faudrait plusieurs jours de pluies fines avec des quantités supérieures à l’évapotranspiration des couverts végétaux.
Les conséquences peuvent être variables selon les espèces. Les feuilles de certains arbres flétrissent et tombent (c’est une réponse de la végétation à la sécheresse) … Pour les productions agricoles, des cultures comme les maïs ou les légumes peuvent être en difficulté. Il y a des étapes clés dans le cycle des plantes et étant donné qu’elles ont souffert du manque d’eau pour leur croissance, ou plus spécifiquement sur des stades phénologiques sensibles (floraison par exemple), c’est irréversible. Dans le cas où il y aurait des pluies cela permettrait plutôt d’éviter de cumuler de nouvelles conséquences sur les prochaines composantes d’élaboration du rendement des cultures qui n’ont pas encore complètement flétri. Il y a aussi le type de sol qui entre en compte : les sols minces sont beaucoup plus vulnérables aux sécheresses que les sols épais.
Doit-on se préparer dans un avenir proche à des épisodes de précipitations extrêmes comme nous venons de connaître ?
François Beauvais : Il est fort possible que les épisodes de précipitations extrêmes augmentent dans les prochaines décennies. Cependant il y a encore beaucoup d’incertitudes autour de la simulation de ces phénomènes avec les modèles climatiques. Dans tous les cas, si on a de fortes précipitations sur des sols imperméabilisés ou très secs il y a un risque d’inondation. Concernant les tempêtes comme en Corse ces épisodes météorologiques sont encore plus imprévisibles.
François Beauvais, post-doctorant à l’université de Caen en géographie/Climatologie.