Rapport « compétitivité de la ferme France » : le Collectif Sauvons les fruits et légumes de France salue les conclusions du rapport sénatorial et appelle à appliquer ses recommandations en urgence
la suite de la publication par la Commission des affaires économiques du Sénat du rapport « Compétitivité de la ferme France », le Collectif Sauvons les fruits et légumes de France salue le travail complet des sénateurs Laurent Duplomb, Pierre Louault et Serge Mérillou ainsi que leurs conclusions et recommandations. Le Collectif invite le ministère de l’Agriculture à prendre connaissance de ce rapport de manière exhaustive et à suivre ses recommandations dans le cadre de l’élaboration du plan de souveraineté pour la filière fruits et légumes.
Des constats dramatiques partagés par le Collectif
Depuis des années, le Collectif Sauvons les fruits et légumes de France tire la sonnette d’alarme auprès des pouvoirs publics sur les erreurs stratégiques de nos gouvernements successifs, erreurs parfaitement identifiées dans ce rapport sénatorial. Déjà en 2019, le sénateur Laurent Duplomb avant lancé un avertissement suite à son rapport « La France, un champion agricole mondial : pour combien de temps encore ? ». Depuis aucune action décisive n’a été entreprise. Résultat : la perte de compétitivité de l’agriculture française est particulièrement alarmante. Comme le souligne les sénateurs, « les importations alimentaires en France explosent : elles ont doublé depuis 2000 et représentent parfois plus de la moitié des denrées consommées en France dans certaines familles. La France, » grenier de l’Europe », est désormais déficitaire avec l’Union européenne en matière alimentaire depuis 2015. Hors vins, elle est même déficitaire avec le monde entier. »
L’impasse de la montée en gamme
Ce phénomène très inquiétant pour l’avenir de l’agriculture française s’explique par la mise en œuvre d’une stratégie de « montée en gamme » associée à des contraintes toujours plus irréalistes. Ce cocktail détonnant visant à assurer une meilleure rémunération des agriculteurs a eu l’effet totalement inverse et explique en partie l’explosion de nos importations et la chute de nos exportations. Illustration frappante donnée par les sénateurs pour la production de pommes, « depuis dix ans, chaque jour, la France perd 1,26 hectare de vergers dédiés à la production de pomme. La surface en production, qui était de 37 300 hectares en 2021, a été divisée par deux depuis 1992 et a reculé en France de 11 % depuis 2011, en dépit d’une relative stabilité depuis 2017 » […] la France perd chaque année des parts de marché à l’exportation à une vitesse effrénée : le volume exporté a été divisé par deux en moins de 7 ans, passant de près de 700 000 tonnes en 2014 à moins de 350 000 tonnes en 2021. »
Alors que l’objectif initial était que tous les Français consomment notre production nationale, nous en arrivons à une discrimination basée sur le revenu : seuls les plus aisés d’entre nous peuvent s’offrir des produits français (bio, sous signe de qualité, etc.), les foyers modestes devant se rabattre sur des produits bas de gamme étrangers. Une tendance qui s’accroît depuis le début de la crise ukrainienne.
« Pas d’interdiction sans alternative et sans accompagnement »
Les sénateurs ne cessent d’insister également sur les surtranspositions « franco-françaises » « trop nombreuses », imposées sous la pression de lobbys environnementalistes. En matière de protection phytosanitaire, ils soulignent que « l’Union européenne autorise 454 substances actives sur le continent européen au niveau agricole. Ce nombre a diminué de près de 20 % en moins de dix ans et devrait encore se réduire les prochaines années. La France va plus loin puisqu’elle n’autorise que 309 substances actives à fin 2021. Autrement dit, seuls 68 % des substances actives autorisées et utilisées en Europe peuvent être épandues en France ».
Des surtranspositions subies quotidiennement par les arboriculteurs auxquelles s’ajoutent des contraintes réglementaires quasiment inexistantes ailleurs en Europe, telles que les zones de non-traitement (ZNT) ou l’arrêté « abeilles ». Le principe « Pas d’interdiction sans alternative » énoncé régulièrement par les ministres successifs doit devenir une réalité, en particulier être appliqué par les administrations dépendantes des Ministères de l’agriculture et de la santé. Jusqu’à maintenant, celles-ci se sont faites les spécialistes des « interdictions » hors sols.
« Laissez-nous produire ! »
Etroitement lié à cette inflation réglementaire galopante, un climat de plus en plus lourd est également souligné par les rapporteurs : « la profusion de normes et contraintes difficilement vérifiables aboutit, in fine, à la judiciarisation des processus de production agricole, bien souvent instrumentalisée par des associations défendant des causes militantes, aboutissant à une culpabilisation des agriculteurs du fait même de l’exercice de leur métier. Les agriculteurs ont le sentiment de faire l’objet d’une multiplication de chefs d’accusation, d’être bien souvent présumés coupables et d’avoir, en outre, la charge de la preuve pour se dédouaner, comme si le simple métier d’agriculteur était un délit. À l’inverse, les producteurs ont le sentiment d’un système à deux vitesses, où les actions délictuelles de certains militants activistes sont peu condamnées. » Une pression judiciaire et psychologique que certains producteurs ont légitimement des difficultés à supporter. Nombre d’entre eux ne voient qu’une seule solution pour se protéger et protéger leur proches : mettre la clef sous la porte.
Face ce climat, les producteurs ne réclament pas d’aides financières ou fiscales mais simplement de les laisser produire !
Alors que Marc Fesneau a lancé mardi dernier l’élaboration du plan de souveraineté « fruits et légumes », le Collectif Sauvons les fruits et légumes de France y voit l’occasion d’intégrer aux « stratégies opérationnelles de sortie des dépendances » les principales recommandations du rapport sénatorial. Et ceci dans la continuité des propos du Président de la République lors de sa visite aux Terres de Jim le 9 septembre dernier considérant notre « souveraineté agricole et alimentaire » comme « la mère des batailles ».