La parenthèse enchantée n’aura pas duré. La France recommence à perdre des usines. Selon le dernier bilan semestriel publié par Trendeo, le solde net est négatif de 25 sites industriels au premier semestre 2025. Une tendance amorcée dès fin 2024, où 34 usines avaient déjà disparu.
Fin du rebond industriel
Le rebond post-Covid, qui avait dopé la réindustrialisation, semble loin. Le solde positif de 129 usines supplémentaires en 2021 a fondu comme neige au soleil : +97 en 2022, +42 en 2023… avant de basculer dans le rouge en 2024 (-14). La dynamique s’est grippée, confirmant que le regain industriel n’était qu’un sursaut.
Les annonces de fermeture s’enchaînent. Parmi les cas les plus marquants au premier semestre 2025 : Kaporal (textile, 280 emplois) à Marseille, Photowatt (solaire, 162 emplois) en Isère, Ouest Injection (plasturgie, 96 emplois) dans la Sarthe, l’embouteilleur Castel à Saint-Priest (96 salariés), ou encore Forvia à Messei, dans l’Orne (109 salariés). Un inventaire qui souligne la diversité des territoires et des secteurs touchés.
L’agroalimentaire sous pression
Le secteur le plus malmené reste l’agroalimentaire, avec un solde net de -13 usines. Trendeo pointe plusieurs faiblesses structurelles : explosion des coûts des intrants et de l’énergie, marges étouffées par la grande distribution, et une concurrence étrangère toujours plus agressive.
D’autres filières plongent aussi : imprimerie (-4), métallurgie légère (-4), automobile (-3), mobilier (-3).
L’énergie et la pharma en contrepoint
À contre-courant, quelques secteurs tirent leur épingle du jeu. L’énergie gagne 4 usines, portée par les projets liés à la transition énergétique. L’industrie pharmaceutique progresse également (+4), tout comme l’aéronautique, qui a redécollé après sa chute libre pendant la pandémie.
En élargissant le prisme – en intégrant les extensions de sites et les variations d’emplois – l’industrie résiste un peu mieux. Le solde reste positif depuis 2021. Mais il s’effondre lui aussi : de +414 au premier semestre 2021 à +25 fin 2024.
Emploi industriel : terrain vague
Côté emploi, la stagnation est frappante. Le solde net des annonces industrielles sur les six premiers mois de 2025 est quasi nul : +7 emplois. Autrement dit, l’industrie ne contribue plus à la dynamique de l’emploi en France.
Elle se retrouve loin derrière les services (+13 000), la logistique (+7 000) et le numérique (+4 200). L’ensemble des entreprises françaises ont pourtant créé 33 400 emplois nets sur la période, un vrai rebond après la panne de fin 2024 (+1 400). Un rebond dans lequel l’industrie ne figure pas.
Une réindustrialisation déjà fatiguée
En creux, ce que montre le rapport de Trendeo, c’est la fragilité du mouvement de réindustrialisation enclenché après la crise sanitaire. Sans véritable stratégie industrielle de long terme, les quelques gains engrangés depuis 2021 s’effritent. Le retournement est net. Et pour l’instant, aucun signal ne laisse penser qu’il serait temporaire.


