A l’occasion de la REF Num (Rencontre des entrepreneurs de France numérique) et du salon VivaTech 2022, le Medef et BCG ont renouvelé la démarche initiée en 2019 visant à dresser un état des lieux de la maturité digitale de la France.
Une enquête menée auprès de 173 chefs d’entreprises a mis en évidence que, si la crise sanitaire a permis d’accélérer la transformation digitale des entreprises françaises, de nombreuses fragilités persistent, notamment en matière de connectivité et de talents.
Une transformation digitale encouragée par la pandémie et soutenue à l’échelle nationale
Bouleversées par la pandémie, les entreprises françaises ont misé sur le numérique pour répondre aux attentes que la crise a créées ou renforcées chez leurs collaborateurs et leurs clients. Les chefs d’entreprises interrogés par le Medef et BCG placent la flexibilité, la sécurité et la durabilité au cœur de leurs préoccupations
73 % ont mis en place de nouveaux outils de communication et de travail collaboratif et vont les conserver,
79 % ont pris des mesures pour renforcer leur cybersécurité,
76 % voient la nécessité de réduire l’impact carbone de leurs activités numériques comme un sujet pour leur entreprise.
Ces préoccupations s’observent chez la majorité des entreprises, même si elles sont davantage marquées chez les entreprises de services, celles de plus grande taille, ou dans les départements favorisés.
Une transformation qui reste limitée dans son ampleur
En dépit de cette progression, les entreprises françaises doivent encore engager une transformation numérique avancée de leur modèle. Si elles dématérialisent la relation client et renforcent leur présence en ligne, 26% des entreprises concernées ont mis en place un nouveau mode de commercialisation en ligne (type « click and collect » ou e-commerce) pendant la crise. Plus de la moitié (51%) n’ont pas démarré et ne réfléchissent pas encore à la valorisation de leurs données. Une frilosité qui peut en partie s’expliquer par un manque de compétences : 61% n’ont pas recruté de profils dans le digital récemment.
Parmi les freins identifiés par les auteurs : la méconnaissance et la sous-utilisation des aides et des initiatives publiques en faveur de la transformation de l’industrie et des TPE/PME. Malgré leur renforcement avec la crise sanitaire, 56% des entreprises disent ne pas connaître les aides du volet numérique du plan de relance et seules 10% ont bénéficié d’aides ou d’un accompagnement dans ce cadre (alors même que 42% expriment un besoin de financement).
Deux pistes pour permettre à la France de renforcer sa position
Les auteurs du rapport, en se basant notamment sur des comparaisons internationales, soulignent deux axes d’amélioration :
– Créer une dynamique d’entraînement pour encourager la transformation des entreprises traditionnelles, en rapprochant les pépites développant des solutions innovantes et les entreprises traditionnelles au sein de filières sectorielles, et en formant en masse des travailleurs du numérique compétents, capables d’exploiter le potentiel des nouveaux outils numériques dans ces entreprises.
– Renforcer les actions visant à gommer les disparités persistantes sur notre territoire : en améliorant les compétences et la confiance des Français, en connectant l’ensemble du territoire en très haut débit, et en consolidant le rôle de catalyseur et de tiers de confiance joué par l’Etat, notamment pour les plus petites entreprises.
« Disposer d’une formation d’excellence et développer des services numériques de pointe n’est plus suffisant. Le pays doit former un grand nombre de talents digitaux afin que toutes les entreprises de notre tissu économique puissent engager une transformation profonde de leurs activités. Les exemples internationaux nous le démontrent, la structuration autour de filières et d’écosystèmes permet d’accélérer cette transition », souligne Alexandre Aractingi, Directeur associé au BCG.
Méthodologie
Cette analyse se base sur une enquête en ligne menée auprès d’un panel de 173 chefs d’entreprises français, composé à majorité de TPE et de PME de tous les secteurs et tous les territoires. Afin de situer la France dans la course internationale, le rapport mobilise également des indicateurs BCG sur la transformation digitale et des sources de données publiques (OCDE, UE, etc.).